1. Introduction
L'Afrique a connu une croissance économique plus rapide au cours de la dernière décennie, atteignant en moyenne 5,2 % par an, contre 3,6 % par an entre 1994 et 1999. Cependant, la pauvreté demeure un défi majeur. La proportion de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour a légèrement diminué, passant de 47 % à 43 % entre 2000 et 2005, tandis que celle des personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour aurait reculé de 68,7 % en 1990 à 60,8 % en 2010. Par ailleurs, les inégalités demeurent élevées et se creusent dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne (ASS) (figure 1). Parmi les 10 pays les plus inégalitaires au monde, six se trouvaient en ASS en 2010, les trois premiers étant la Namibie, l'Afrique du Sud et le Lesotho, avec des coefficients de Gini respectifs de 70, 65 et 63.
Les jeunes constituent la majorité des pauvres en Afrique (72 %). Les pays africains continuent d'afficher des taux de chômage élevés, et le chômage des jeunes reste élevé dans la plupart des pays, dépassant les 80 % au Nigéria, en Éthiopie, en Ouganda, en Zambie et au Burundi. Il est donc nécessaire que le continent poursuive un programme de croissance inclusive (CI) pour son développement durable, au-delà des politiques de croissance en faveur des pauvres. Cette note met en évidence certains domaines clés sur lesquels la Banque et les autres partenaires de développement devraient se concentrer afin de renforcer le programme de croissance inclusive dans les PMR. Contrairement à la croissance en faveur des pauvres, qui cible uniquement les pauvres, le programme de croissance inclusive vise tous les segments de la société et de l'économie. La croissance inclusive vise à garantir l'inclusion de tous les groupes sociaux dans le processus de développement, quelle que soit leur classification sociale, offrant ainsi des opportunités économiques (le rythme de croissance) à tous tout en garantissant un accès égal à ces opportunités (le modèle de croissance), y compris aux personnes vulnérables et marginalisées, afin qu'elles puissent contribuer aux interventions et en bénéficier en termes absolus.
La Banque définit la croissance inclusive (CI) comme une croissance économique qui se traduit par un accès élargi à des opportunités socio-économiques durables pour un plus grand nombre de personnes, de régions ou de pays, tout en protégeant les plus vulnérables, le tout dans un climat d'équité, de justice égale et de pluralité politique. Elle repose sur trois piliers principaux : une croissance généralisée dans tous les secteurs et toutes les régions, l'emploi productif et la protection des groupes défavorisés et marginalisés contre les chocs négatifs. Elle prend en compte l'âge, le sexe, les disparités régionales ou géographiques, ainsi que les différences et équilibres sectoriels. Une croissance accélérée, forte, durable et inclusive favorisera une augmentation suffisante des revenus de la majorité de la population pour entraîner une amélioration générale des conditions de vie. Plus la croissance est inclusive, plus elle est susceptible de contribuer au développement généralisé, à la réduction durable de la pauvreté et à la création de richesses.
Par conséquent, comme l'a souligné le Sommet du G20 de Séoul en 2010 lors du Consensus de Séoul pour le développement d'une croissance partagée, les actions et politiques des partenaires au développement doivent être en mesure d'améliorer significativement les perspectives d'une croissance inclusive, durable et résiliente, au-delà du statu quo. 2. Mise en œuvre du programme de croissance inclusive : la section ci-dessous présente brièvement la contribution des secteurs clés sélectionnés à la croissance inclusive en Afrique. Elle est suivie d’une discussion sur les mesures susceptibles de stimuler une croissance forte, durable et résiliente, ainsi que de contribuer à la lutte contre les exclusions, notamment en luttant contre la pauvreté, les inégalités, les indicateurs sociaux médiocres, le chômage, etc. 2.1 Infrastructures : L’Afrique dispose d’un faible stock d’infrastructures par rapport aux autres régions en développement du monde. Par exemple, des données récentes (2006-2009) montrent que seulement 28 % de la population africaine avait accès à l’électricité, contre 70 % dans les autres pays en développement, et que 69 % bénéficiait d’un accès amélioré à l’eau, contre 88 % dans les autres pays en développement.
L’amélioration des infrastructures, y compris de leur environnement réglementaire, renforcera la compétitivité et la productivité de l’Afrique, réduira le coût des affaires et facilitera le commerce et les investissements directs étrangers. Elle renforcera l’intégration économique et sociale et créera des emplois pendant la mise en œuvre et l’exploitation des projets. Elle soutiendra également la prestation de services sociaux et contribuera ainsi à la gouvernance inclusive. Le développement des infrastructures rurales, en particulier, a de nombreux impacts sur les ménages, les communautés et les entreprises, tant en termes de revenus que d'autres indicateurs de qualité de vie. Il existe une forte disparité dans les taux d'accès aux infrastructures entre les populations urbaines et rurales. Alors qu'un citadin sur deux en Afrique subsaharienne a accès au réseau électrique, seul un habitant rural sur dix est connecté. Les populations des petits États, des États fragiles et des pays enclavés restent largement mal desservies.
Les projets d'infrastructures peuvent réaliser la gouvernance intégrée lorsqu'ils : (a) assurent la connectivité, y compris pour les populations pauvres et marginalisées ; (b) créent des opportunités d'approvisionnement local en main-d'œuvre, intrants et services ; et (c) protègent les groupes vulnérables. La Banque a soutenu ces initiatives en allouant 60,4 % (investissements du secteur privé inclus) de son investissement total sur la période 2008-2020.